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Syrie, vers la reconstruction ?

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Bachar el-Assad annonce la reconstruction de la Syrie
Bachar el-Assad annonce sa politique de reconstruction et de pivot vers l’est le 20 août 2017 devant le corps diplomatique

Après six années de guerre civile, le régime de Bachar el-Assad est en passe de gagner son pari : s’imposer comme seule alternative au chaos. La reprise de Deir Ezzor et la déroute de l’Etat Islamique permettent au gouvernement de se concentrer sur sa réputation. Avec l’organisation de la Foire Internationale de Damas puis de la troisième exposition « Rebuild Syria » le juteux chantier de la reconstruction n’est plus un fantasme. Si les pays alliés au régime baathiste sont surreprésentés, le retour discret des compagnies européennes atteste d’un pragmatisme des affaires.

La reconstruction de la Syrie comme guerre de communication

Le retour de la Foire Internationale de Damas (17-24 août) après 5 ans d’absence ne représente qu’une partie de la stratégie visant à remporter la bataille de la normalisation auprès de l’opinion publique internationale. Lors de l’inauguration, Imad Khamis, Premier ministre syrien, ne cache pas sa fierté en déclarant que la foire est une « déclaration de victoire économique et représente une volonté réelle et claire de lancer le processus de reconstruction ». Le gouvernement loyaliste revendique ainsi la reconquête de plus de la moitié du territoire d’avant-guerre tandis que l’établissement de zones de désescalade favorise le retour à l’apaisement. Dans le même temps, l’Organisation internationale pour les migrations estime le nombre de réfugiés syriens de retour lors des sept premiers mois de 2017 à 603 000. Le ministre du Tourisme mène également une communication dynamique sur les réseaux sociaux pour médiatiser événements et spot publicitaires vantant les atouts nationaux. Bishr Yazigi revendique même une hausse de 25% du nombre de touristes avec le recensement de 530 000 visiteurs sur la première moitié de l’année. La stratégie de communication vise à reléguer la guerre au passé afin de faciliter les chantiers de la reconstruction. La troisième exposition pour la reconstruction de la Syrie (21-23 septembre) s’inscrit dans ce cadre en promouvant l’investissement dans les secteurs du BTP et de l’énergie.

Rivalités économiques et retombées diplomatiques

Il est évident que les alliés de Damas espèrent bénéficier des retombées économiques d’un conflit ayant coûté plus de 200 milliards de dollars selon la Banque Mondiale.

L’Iran, la Chine et la Russie comptent ainsi sur leur loyauté afin de signer d’importants contrats assortis de clauses léonines favorables à leurs intérêts. La Chine lorgne du côté des ports de Lattaquié et Tartous afin d’asseoir sa maîtrise des routes maritimes en consolidant son projet One Belt, One Road. De son côté, l’Iran y voit une opportunité d’expansion économique et culturelle naturelle dans un contexte de tensions avec le voisin saoudien. Si des intérêts divergents peuvent exister entre ces forces alliées force est de constater qu’elles resteront préférées aux pays à l’initiative des sanctions économiques et soutiens aux mouvements d’opposition.

Alléchées par l’opportunité que représente la reconstruction, des entreprises en provenance de plusieurs pays européens dont l’Allemagne et l’Espagne se sont rendues au pays du Shâm en cette rentrée ; souvent officieusement. Du côté français, l’association Office de Commerce et d’Industrie Franco-Syrien a revendiqué son déplacement aux deux événements mais est restée discrète sur l’identité des entreprises accompagnatrices. Même le voisin libanais fait un pas en direction de Damas malgré une histoire bilatérale compliquée. La visite de trois ministres libanais en leur qualité officielle vise au renforcement des partenariats économiques, d’autant que le port de Tripoli au nord du pays pourrait intéresser chinois et russes à des fins d’approvisionnement.

Après la diplomatie morale du regime change assistons-nous au retour de la diplomatie économique en Syrie ? Tous les pays ne joueront toutefois pas sur un pied d’égalité. Bachar el-Assad donne le ton lors de son discours du 20 août 2017 devant le corps diplomatique syrien : « Nous devons nous orienter politiquement, économiquement et culturellement vers l’est. (…) Nous ne devons plus compter sur l’Occident ». L’exposition pour la reconstruction de la Syrie devrait confirmer cette volonté ; feuille de route peut-être irréversible.

Sources

  • « The New silk road will go through Syria », Asian Times, 13 juillet 2017
  • « Lebanon hopes syrian reconstruction will lure chinese investment », Financial Times, 26 juillet 2017
  • « Pour sa reconstruction la Syrie se tourne vers l’est », entretien avec Frédéric Pichon, Figarovox, 12 septembre 2017
  • Facebook officiel du ministère du Tourisme syrien
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Yannis BOUSTANI

Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, mention Droit économique spécialité Droit public économique. — — — Quis custodiet ipsos custodes ?

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